Dans notre route pour rejoindre l’Iran, nous passons quelques jours dans l’est de la Turquie. Région méconnue (elle n’apparaît même pas dans notre version du Guide du Routard), elle a pourtant de nombreux trésors à offrir.
Şanlıurfa, ville de naissance d’Abraham
Urfa, ou Sanli Urfa ou Şanlıurfa, située prés de la frontière syrienne, est une ville sainte pour les musulmans car Abraham est censé y être né dans une grotte. Celle-ci fait de nos jours l’objet d’un pèlerinage. Nous y rentrons mais il n’y a pas grand chose à voir. A travers une vitre sale on distingue la parois d’une petite grotte éclairée par des projecteurs.
Urfa, c’est aussi un agréable parc arboré autour d’un réservoir d’eau et un grand bazar. Le bassin Ayn-i Züleyha abrite des carpes sacrées car censées être des flammes transformées en poisson par Abraham lors de l’un de ses miracles.
Göbekli Tepe, aux origines de l’humanité
Nous profitons de notre passage à Urfa pour aller voir le site de Göbekli Tepe au nord-est. Il est l’objet de fouilles qui ont mis à jour des ruines de temples datés de 11 000 ans av. JC, ce qui en fait les constructions les plus vieilles du monde. Cette découverte oblige les archéologues à revoir leur conception du mode de vie des peuplades de cette époque. Pour nous c’est une visite étrange car ces vestiges sont si vieux que l’on a du mal à en saisir la portée.
Nemrut Dağı, le tombeau du roi
Le lendemain nous partons pour le Nemrut Dagi avec deux jeunes étudiants français et un vieux chauffeur fatigué mais facétieux. Tout au long de la route, il passera son temps à chanter, à se pencher dans les virages en criant « Jacky Chan ! » et à finir ses phrases par « Congratulations ». De plus il roule à une allure très très modérée (entre 20 et 40 km/h).
Nemrut Dagi est le mausolée du roi Antiochios Ier qui avait succédé à Alexandre le Grand dans la région. Il s’est fait construire un tumulus en haut d’une montagne, à 2150 mètres, offrant une vue magnifique sur la région. La tombe est encadrée à l’ouest et à l’est par de gigantesques statues décapitées dont les têtes sont posées quelques mètres devant.
Trabzon
Nous remontons ensuite vers la mer noire pour demander nos visas iraniens à Trabzon. En effet, après pas mal de recherches sur le web, il apparaissait que ce consulat permettait d’obtenir facilement le précieux sésame en une journée. Nous croisons un petit groupe de cyclistes français, laissons les empreintes de tous nos doigts et même des phalanges, et après un paiement dans une banque du centre ville, nous récupérons nos passeports avec les visas.
Il fallait cela pour nous remonter le moral car Trabzon nous avait plutôt déprimé. Il fait froid, il pleut, le quartier où nous sommes installé est moche et la seule vue que nous ayons donne sur le port industriel.
Sumela, le monastère accroché à la falaise
Le lendemain nous faisons une excursion au monastère de Sumela, accroché à la montagne dans une forêt. Nous arrivons sur le site alors qu’il tombe des trombes d’eau.
Kars
Nous avions lu que les alentours de Kars ressemblaient à une petite Mongolie et nous n’avons pas été déçus. Nous émergeons d’un sommeil difficile dans un bus assez inconfortable pour voir s’étendre devant nous des pâturages à perte de vue. L’herbe y est d’un vert intense qui répond au bleu du ciel. Au loin, des montagnes aux pentes douces ferment l’horizon tandis que de petits nuages projettent des tâches d’encre sur le sol. Quelques chevaux paissent en liberté. Des tas de bouses sèchent au soleil. Ca sent la steppe, ça a un goût de yourte. Nous entrons en Asie Centrale.
Kars est une affreuse bourgade mal dégrossie aux rues défoncées et bordéliques. Il y a des feux tricolores aux carrefours mais ils sont éteints. Une citadelle allongée sur une colline domine calmement tout cela. Nous trouvons un hôtel pas trop cher et nous nous arrangeons avec un type pour qu’il nous conduise le lendemain au site d’Ani.
Le site d’Ani, sur la frontière arménienne
Ani est l’ancienne capitale arménienne aux alentours de l’an mille. C’était aussi le passage obligé d’une des route de la soie au moyen âge. Depuis longtemps abandonné, le site ne présente plus que les ruines d’églises et de l’enceinte fortifiée. Malgré cela, la visite est saisissante car nous sommes presque les seuls dans un immense site archéologique à ciel ouvert. La ville est entourée sur trois côtés par des ravins et le dernier est gardé par une imposante muraille. Nous sommes aussi à la frontière avec l’Arménie que l’on peut voir de l’autre côté des gorges escarpées.
Nous prenons ensuite un bus pour Idgir puis un autre pour Dogubayazit, près de la frontière iranienne. Nous passons près du mont Ararat en plein orage. Alors que des trombes d’eau heurtent le mini van dans lequel nous sommes entassés avec une vingtaine d’autres personnes, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser à la légende de Noé et du Déluge.
Demain nous quittons la Turquie et ses moustachus pour l’Iran et ses barbus.
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