Il y a presqu’un an, nous nous étions lancés le défi de relier Istanbul à Kuala Lumpur par voie terrestre et maritime. Nous avons traversé une douzaine de pays, échangé des centaines de sourires, et parcourus des milliers de kilomètres pour arriver enfin aux portes de la Malaisie. Un long périple qui nous aura permis de faire de belles rencontres et de découvrir des pays que nous n’aurions pas pensé visiter.
La Malaisie occupe les territoires de la péninsule au sud de la Thaïlande et de la partie nord de l’île de Bornéo. Fédération d’états autonomes, melting-pot ethnique et culturel, refuge de nombreuses religions, la Malaisie se construit une identité originale et hétéroclite.
Langkawi, l’île aux pirates
Un bateau à grande vitesse nous amène de l’ïle de Koh Lipe en Thaïlande à celle de Langkawi en Malaisie. Les deux îles sont voisines et partageaient autrefois la même population de « Orang Laut », peuple des mers.
Langkawi eu une histoire troublée : maudite par une princesse condamnée à mort, elle fut envahie par les siamois et sa population fut massacrée. Dans les années quarante, les britanniques eurent recours à des opérations militaires pour la débarrasser des pirates qui s’y réfugiaient et terrorisaient la région. Aujourd’hui, le gouvernement de Malaisie y a développé le tourisme. Les visiteurs d’Occident et du Moyen-Orient viennent nombreux pour profiter de ses longues plages de sable et de ses forêts.
Notre premier jour à Langkawi est un peu compliqué. Les logements sont chers et nous finissons par poser nos affaires dans une cabane sur la plage. L’endroit est sympa mais il n’y a pas de toilettes et de salle de bain. Pour se laver, Romain doit emprunter la douche d’une famille malaisienne dans un hôtel voisin.
Le lendemain, nous trouverons bien mieux à la guesthouse Soluna (bon wifi, sanitaires propres, chambre bon marché et à proximité de la plage). Nous en profitons pour « faire une pause » dans notre voyage et rattraper du travail en retard (dont ce blog). Pour manger, nous devenons des habitués du restaurant indien voisin qui sert des plats de « rotis » pour quelques centimes.
Sur la plage des occidentaux en slip de bain côtoient des femmes en tchador noir intégral. A la tombée du jour, éclairés par la pleine lune, des jeunes d’origines différentes jouent au football. Pendant ce temps, des familles installées sur le sable, face à la mer, profitent du calme et de la fraîcheur du crépuscule.
La ville de Georges
Après quelques jours tranquilles, nous reprenons un bateau pour Georges Town, ville principale de l’île de Penang, plus au sud. Créée par les Britanniques sur la route maritime reliant l’Orient et l’Occident, Georges Town est un port de commerce important depuis plus de 200 ans. De nombreux immigrants chinois et indiens s’y sont installés au fil du temps, apportant leurs cultures respectives.
En arrivant dans la ville nous sommes d’abord surpris par les panneaux indiquant le nom des rues. Certains sont en jawi (ancienne écriture de Malaisie), certain en anglais, d’autres en chinois ou tamoul selon que l’on se promène dans le quartier de China Town ou dans celui de Little India. La diversité se retrouve partout, aussi bien dans l’architecture où se mélange les influences chinoises et européennes que dans la nourriture. Ainsi, nous profitons des galettes indiennes au petit déjeuner, des « dumplings » chinois au déjeuner et des « laksas » (soupe malaise) pour le dîner.
Dans le quartier indien, Sophie a l’impression de se promener dans les rues commerçantes de Pondichery. Les ruelles de Little India sont bordées de magasins indiens vendant des vêtements traditionnels colorés, des bijoux en or, des fleurs de jasmin, de l’encens, du safran, des DVDs de films tamouls, etc. Tandis que nous nous croyons téléportés en Inde, à quelques pas de là, nous nous retrouvons en Chine avec ses temples, ses lanternes rouges et ses marchés. On peut visiter six vieilles jetées construites sur pilotis et habitées par de nombreuses familles appartenant chacune à un clan chinois
Le direct Istanbul-Kuala Lumpur arrive en Malaisie
Kuala Lumpur, nous voici ! Cela nous aura pris presqu’un an pour relever notre défi mais nous y sommes parvenus ! Nous sommes accueillis par Carine et Antoine (Guppy Master), un couple d’amis expatriés depuis maintenant deux ans. Ils nous attendent depuis le mois de novembre, ce qui signifie que nous avons à peu près cinq mois de retard ! Voyager par la route nécessite beaucoup plus de temps que nous ne le pensions initialement.
Ils nous font visiter la capitale malaise du haut de ses tours high-tech à ses bas quartiers traditionnels.
Kuala Lumpur est une ville multiculturelle où se mêlent malais, chinois et tamouls, dans une étonnante mosaïque de cultures, de peuples et de religions. Au cœur du China Town, étrangement, se dresse le temple hindou de Sri Mahamariamman. Quelques indiens viennent rendre hommage aux nombreuses divinités qu’il héberge.
Il existe au cœur même de la capitale, quelques quartiers « authentiques » qui n’ont pas encore été gommés par l’expansion des quartiers riches de Kuala Lumpur où les grands bâtiments se construisent à un rythme effréné. Le Kampung Baru (« nouveau village »), est un ancien quartier traditionnel d’agriculteurs malais établit par les britanniques dans les années 1900. Il est constitué de maisons familiales et habité essentiellement par des malais musulmans. Ces quartiers tendent malheureusement à disparaître.
A quelques kilomètres au nord de Kuala Lumpur, se situe un des plus grands sanctuaires hindous du monde : les grottes de Batu. Plusieurs temples ont été aménagés dans ses roches calcaires. L’entrée de la grotte la plus importante est gardée par une statue dorée de 43 mètres du dieu Murugan.
Un escalier de 250 marches permet d’accéder aux entrailles de la grotte. L’envergure de la cavité dans la montagne nous surprend : elle fait plus de 100 mètres de hauteur. Sur ses parois, des sculptures rappellent les scènes importantes du Ramayana, livre sacré des hindous. C’est ici que se déroule le plus grand et le plus fou des pèlerinages hindous hors de l’Inde, lors des fêtes de Thaippusum. Certains participants en transe s’y infligent des supplices en s’enfonçant des crochets dans la peau ou des piques dans les joues.
Lors de notre dernière visite à Kuala Lumpur nous avons la chance de partager le « buka puasa » (casser le jeûne), le repas de fin de jeûne du Ramadan avec des familles malaises, devant l’hôtel de ville.
La Malaisie est un étrange mélange de différentes images que nous avons collectées au cours de ce périple en Asie : cultures d’Asie du sud-est et de la Chine, religion musulmane, architecture coloniale, nourriture indienne, etc. L’austérité des mosquées est compensée par les couleurs des temples chinois et hindous. La langue écrite avec son alphabet latin et ses mots empruntés aux langues européennes (« taksi », « kado », « karoseri », « trotoar ») nous rappelle le turc. Nous y vivons le ramadan comme en Iran et nous baignons sur des plages magnifiques comme en Thaïlande.
Quelques semaines plus tard, nous mettrons les pieds sur la partie malaisienne de l’île de Bornéo, où nous attendent des singes nasiques, des orang-outangs et une tout autre Malaisie, couverte de jungle et habitée par des tribus de coupeurs de tête.
- nous prenions un verre sur un héliport en haut d’un building
- nous partagions le repas de fin de jeûne pendant le Ramadan
Pierre Philippe
très belles photos de ce pays , « bouillon de cultures » .. mais le quotidien des « minorités » n’est pas toujours aussi simple qu’il n’y parait de prime abord.. les lois, les traditions, les habitudes sont parfois très castratrices .. j’en sais quelque chose en étant expatrié..
Sophie
Oui, Pierre Philippe, merci de le souligner. C’est malheureusement le cas en Malaisie, en Indonésie, en Chine et dans bien d’autres pays que nous avons traversés.
Carine
On attend la suite avec impatience ! D’ici là, portez-vous bien.
Carine
Ah oui, et puisqu’on peut chipoter… c’est pas à Sumatra, la première fois que vous fêtiez un an de voyage ?
Sophie
Oups ! Bien vu Carine ! En Malaisie nous avions fêté la réalisation de notre défi : Istanbul – KL sans avion !
Voyage Way
Difficile de trouver un meilleur qualificatif que ‘bouillon de cultures’ pour la Malaisie.
Un pays impressionnant où cohabite 3 cultures différentes.
Je regrette de ne pas être allé à Penang mais je finirai pas y retourner car j’ai beaucoup aimé la Malaisie!
J’ai beaucoup aimé Malacca pour ce mélange de culture. En quelques centaines de mètres on croise des églises coloniales, des temples chinois et des mosquées. La ville est très agréable à découvrir à pied.