Lorsque l’Indonésie est évoquée, les premiers noms qui viennent à l’esprit sont Bali, Jakarta ou Java. Pourtant, il existe au nord-ouest du pays une île immense qui mérite d’être mieux connue. Dominée par les cimes fumantes des volcans, elle est couverte de forêts denses, domaines des grands singes et de plantes extraordinaires. Mais Sumatra c’est aussi une population accueillante et chaleureuse, où les étrangers sont toujours les bienvenus.
Nous commençons notre périple au centre de l’île, à quelques kilomètres de la ligne équatoriale et remontons vers le nord jusqu’à la jungle de Ketambe.
Quand le doux chant du muezzin caresse mes oreilles à 4h30 du matin…
Située sur les hautes terres du pays des Minangkabau (un des nombreux groupes ethniques vivant en Indonésie), la ville de Bukittinggi est pour nous un véritable dépaysement. Ici des carrioles sont tirés par des chevaux, les femmes portent des voiles colorés et les mosquées sont nombreuses. Des hauts parleurs diffusent à très fort volume les paroles des muezzins. Leurs voix résonnent depuis l’aube jusqu’à la nuit dans toutes les rues et les allées de la ville. Partout, des vendeurs de pierres semi-précieuses, les doigts parés de bagues énormes, polissent minutieusement leurs marchandises. Chaque pierre possède un pouvoir spécifique : certaines attirent la richesse, d’autres le bonheur ou la chance.
L’île de Sumatra accueille très peu de touristes et ses habitants sont ravies de lier connaissance avec des étrangers. Chaque promenade en ville est l’occasion pour nous de faire de belles rencontres. C’est ainsi que nous faisons la connaissance de « Ibu Bukkittingi » (« Mother Bukkittingi »), professeur de religion retraitée. Drôle, dynamique et souriante, elle aime inviter les voyageurs de tous pays à partager un moment avec elle. Elle nous accueille le temps d’un goûter et nous offre des cadeaux pour que l’on se souvienne d’elle. Les étudiants sont également très heureux de croiser notre route. Désirant pratiquer leur anglais, ils nous abordent timidement et très poliment pour nous interroger.
Lors de notre première échappée en moto, nous sommes stoppés à la sortie de la ville par un barrage de police. Nous nous arrêtons, quelque peu inquiets : le permis international de Romain est-il valide ? La moto est-elle en règle ? Les agents ne parlent pas anglais et nous ne devinons pas ce qu’ils désirent. Nous cherchons nerveusement nos passeports au fond de nos sacs, quand une policière vient nous expliquer que ses collègues souhaitent en fait nous offrir des boissons et se prendre en photo avec nous ! Ils se regroupent autour de nous tout sourire, pendant que l’un d’eux prend des clichés avec son téléphone portable. Jamais nous n’aurions imaginé une rencontre si drôle avec la police !
Outre l’accueil et les rencontres avec les habitants, nous sommes émerveillés par la beauté et la diversité des paysages, que nous explorons en moto. Chaque fois que nous nous éloignons de la ville nous découvrons des tableaux absolument magnifiques : vallées verdoyantes, rizières en terrasses gorgées d’eau, forets humides, canyons profonds, etc. Au cours d’une de ces escapades, nous avons l’occasion de voir un rafflesia, la plus grosse fleur du monde et de goûter au café luwak, un café coûteux ayant un mode de production étrange et naturel.
Seul inconvénient des évasions en moto : les routes indonésiennes, truffées de crevasses profondes et de nids-de-poule sont de loin les pires que nous n’ayons jamais pratiquées !
Une nuit blanche dans le noir
Il est 22h. La pluie a cessé. Nous nous apprêtons à grimper jusqu’au sommet du Mont Merapi (« la montagne de feu »). Il s’agit en fait d’un ensemble de volcans s’élevant à plus de 2800 mètres. Nous espérons assister au lever du jour de là-haut. Pour cela, nous allons devoir marcher toute la nuit. Ilham, notre guide, nous distribue des briquets munis d’une LED (un briquet pour trois) en guise de lampes torches et nous nous enfonçons sans tarder dans la forêt.
Nous grimpons des heures durant, luttant contre le sommeil et la fatigue, espérant que notre petite loupiote dure jusqu’à l’aube. Les chemins (si nous pouvons appeler cela des chemins) sont boueux et difficiles. Les racines s’enlacent et s’entrelacent et forment parfois de véritables murs. À chaque pause, à la lueur de notre briquet, nous examinons attentivement nos chaussures et nos pantalons en quête de quelques sangsues qui se seraient agrippées à nos vêtements. Nous arrivons à hauteur des nuages vers quatre heures du matin. Le sommet n’est plus très loin. Nous faisons une courte sieste, allongés sur les pierres volcaniques pendant qu’Ilham nous prépare du café. Puis nous entamons la dernière ligne droite jusqu’au sommet.
La vue alentour est sublime. D’un côté, d’imposantes montagnes semblent flotter sur une mer de nuages blancs ; de l’autre, les villes s’illuminent progressivement, formant un grand tapis de lumière. Nous atteignons le point culminant à l’aube, et admirons les cratères vertigineux qui nous entourent.
Le village d’Ilham, où aucun étranger ne va
Quelques jours plus tard, nous partons vers Padang Panjang, un village inconnu des guides touristiques et des agences de voyages. Padang Panjang est le village natal de notre guide Ilham. Il nous a invité à passer deux jours dans la maison familiale, ce que nous avons accepté avec enthousiasme.
Nous arrivons en début de soirée. À la maison, la maman d’Ilham, sa grand-mère, ses cinq frères et sœurs, ses voisins et amis, tous nous attendent avec impatience. Ils nous accueillent chaleureusement. Nous partageons la soirée ensemble à rire et à discuter avec les quelques mots d’indonésien que nous avons appris.
Le lendemain, Ilham nous amène au marché. Tous les habitants semblent le connaître et l’apprécier. Nous nous arrêtons toutes les minutes pour échanger des poignées de main, des sourires, des mots chaleureux (que l’on ne comprend pas toujours). Les habitants sont très curieux et surpris de nous voir ici. Tandis que nous nous promenons dans les allées, goûtant à chaque stand les délicieuses sucreries que l’on nous offre, un groupe d’écoliers curieux essaye de nous suivre plus ou moins discrètement. Les vendeurs, contents de voir des étrangers, demandent à être pris en photo. Ilham nous explique que c’est la deuxième fois en cinq ans que des étrangers passent dans ce village.
En arrivant sur l’île de Sumatra, nous ne savions pas vraiment à quoi nous attendre. La rencontre avec ses habitants est une belle surprise. Nous sommes touchés par leur accueil, leur spontanéité, leur curiosité et leur générosité. En nous invitant chez lui, Ilham nous a dit « it’s not an hotel but it’s my house », une façon de dire « nous n’avons pas grand-chose à vous donner, mais nous vous offrons ce que nous avons ». Plus que les paysages magnifiques, les journées de détente à la mer ou les virées en moto, ce sont ces rencontres qui font la richesse de notre voyage.
- nous marchions toute une nuit dans une forêt
- nous voyions un singe en caleçon rentrer dans notre hôtel
- nous goûtions aux excréments d’un animal
- nous voyions une fleur plus grosse que notre tête
- nous franchissions l’équateur à pied (à moto à vrai dire)
- des policiers nous arrêtaient pour nous offrir des briques d’ice-tea
- nous crevions en moto
- nous nous faisions dévorer par des punaises de lit
- nous fêtions un an de voyage
Antoine
Que dire face a de tels posts… ?
Merci !
Oui, vraiment,… merci de nous faire partager tous ces moments et vos superbes photos.
Sophie
Merci Antoine pour ton commentaire 🙂 C’est un plaisir de partager nos aventures ! J’espère que vous pourrez visiter cette île magnifique lors de votre long séjour en Asie 🙂
Carine
Je partage l’avis d’Antoine ! Nous nous efforçons de voyager pas mal, mais vos photos et récits nous font toujours rêver et nous donnent envie d’aller plus loin ou plus près, ou les deux. Les deux !!!
Sophie
Merci Carine ! On vous souhaite pleins de bons voyages !!!
HO
Salut Romain… toujours un plaisir de lire votre voyage… prenez soin de vous
Rattana
Bonjour,
Je cherchais des articles sur l’Indonésie et je suis tombée sur le vôtre.
Je projette d’y faire un tour prochainement…et je dois dire que votre article donne encore plus envie.
Vos photos sont vraiment superbes.
Je ne sais pas encore quelle île je vais faire, mon itinéraire n’est pas fixé. Mais merci pour toutes vos informations précieuses ! Sumatra pourquoi pas 🙂
Sophie
Merci Rattana !
Pas facile de choisir une destination ! Nous n’avons pas visité les autres îles du pays mais notre périple à Sumatra est peut-être l’un de mes coups de cœur de ce tour du monde.
Si tu décides d’y aller, nous pourrons te donner quelques contacts et plus de détails si tu le souhaites.
Bonne préparation 🙂