La mer, ravageuse et déchaînée, voulut s’emparer de la région de Guangxi. Un immortel, soucieux du sort des habitants entreprit alors de les protéger. Usant de son pouvoir divin, il métamorphosa les collines du nord en chèvres et guida le troupeau jusqu’au Guangxi. Les chèvres se dispersèrent autour de la région et redevinrent collines, formant ainsi un barrage. La mer, ne voulant pas affronter les forces divines, s’en alla conquérir d’autres terres. Telle est la légende que l’on raconte sur cette contrée.
Elle est connue en Chine pour être l’une des plus belles régions du pays. Depuis des siècles, ses paysages ne cessent d’inspirer les poètes chinois :
« Le fleuve est un vert ruban de soie »
« Les collines sont comme des épingles à cheveux en jade bleu »
Ces paysages fabuleux ont été choisis comme décors pour des films comme « Star Wars III La Revanche des Sith ». Les scènes de la bataille de Kashyyyk (la planète des wookies) ont été tournées près de la ville de Guilin, capitale de la province du Guangxi.
Intrigués par les mythes qui entourent ces paysages, nous prenons un bus pour Guilin.
Allongés au long d’un voyage rallongé
Un bus couchette pour seulement trois heures de route ?! En plein milieu de l’après midi ?! Nous voila bien surpris, mais pas trop inquiets car nous sommes dans le bon bus. Le chauffeur nous indique deux couchettes tout au fond du bus. Nous nous y installons avec nos sacs à dos, notre ukulélé, notre sac de provisions, etc. Pour notre confort : des draps qui grattent, une couverture qui sent les pieds et un voisin qui rote. Sophie a la chance de pouvoir étendre les jambes, mais Romain, victime de sa taille, voyage tout recroquevillé. La route n’est pas des plus agréables. Nous sommes bringuebalés dans tous les sens et tentons de ne pas tomber de nos lits.
Nous nous arrêtons comme prévu au bout de trois heures de route mais un rapide coup d’œil sur l’application GPS de Romain confirme notre inquiétude : Guilin est encore très loin.
Nous arrivons à destination au beau milieu de la nuit (d’où les couchettes !), épuisés par notre pénible voyage. Nous nous empressons de trouver un endroit où dormir et sombrons dans un profond sommeil.
L’alpiniste sage attend que le sommet de la montagne descende (proverbe chinois)
Notre auberge de jeunesse se situe dans un joli quartier aux allées piétonnes bordées de nombreux petits commerces. C’est un peu touristique mais cela ne nous gêne pas : les visiteurs chinois, habituellement bruyants et envahissants sont ici peu nombreux. Nous repérons rapidement notre boulangerie du matin, où nous prendrons tous nos petits déjeuners.
Nous nous promenons le long des « deux rivières et des quatre lacs ». Le site est composé de la rivière Li, de la Rivière des Pécheurs et de quatre lacs, le tout relié par une vingtaine de ponts et entouré de parcs et de pavillons.
L’ambiance est à la détente. Des petits vieux jouent aux cartes à l’ombre des arbres, d’autres lisent ou se reposent dans les nombreux pavillons donnant sur le lac. Autant dire que nous n’avons aucun mal à nous adapter à ce rythme de vie plutôt tranquille.
Nous grimpons au sommet de la Colline Qui Arrête Les Vagues afin de profiter d’une vue panoramique sur la ville. Les constructions ont poussé comme des champignons, au milieu des collines aux formes mystérieuses, taillées par l’érosion. Tandis que la nuit commence à tomber, des lumières clignotent de partout. Beaucoup d’immeubles sont illuminés par des guirlandes de couleurs vives, comme d’ailleurs dans toutes les villes chinoises par lesquelles nous sommes passés. Nous admirons ce paysage étrange, mélange de nature et d’urbanisation.
A la nuit tombée, les alentours du lac de Shān sont éclairés par de nombreux projecteurs.
Les pagodes jumelles de la Lune et du Soleil, respectivement teintés d’argent et d’or, brillent de mille feux.
Belle balade en bambou boat
Nous montons dans un « bambou boat » (en fait une barque à moteur ressemblant à un bateau en bambou) pour nous rendre à la ville de Yangshuo.
Nous descendons la rivière Li dans un décor des plus spectaculaires, admirant les monts escarpés et verdoyants se reflétant dans l’eau. Nous croisons la Colline de l’Homme, censée ressembler à un homme s’inclinant devant une jeune fille timide, la Colline de la Dame. Nous nous sentons comme Gulliver au pays des Géants.
Ces paysages nous rappellent beaucoup la croisière que nous avions fait dans la baie d’Halong embrumée, il y a déjà quelques années.
Nous première réflexion en arrivant à Yangshuo est : « Mais qu’est ce qu’on fait là ? ». La ville est particulièrement laide, avec une grande rue à touristes dans le centre. Mais nous changeons bien vite d’avis lorsque nous nous promenons le long du fleuve bordé de pics karstiques, appréciant le calme et la verdure environnante.
La tête remplie de belles images et de légendes, nous mettons maintenant le cap vers le mont Emei, une des quatre montagnes sacrées de Chine. Nous sommes effrayés par les vacances nationales chinoises, le tourisme de masse et la hausse des prix des hébergements. Nous espérons trouver la sérénité au cœur de la montagne et de ses monastères isolés, mais le plan ne se déroulera pas tout à fait comme prévu…
Laisser un commentaire