Le Turkmenistan est l’ancien terrain de jeu de Saparmurat Niyazov, président à vie, auto-proclamé Turkmenbashi ( » Leader des Turkmens « ), qui a pris le pouvoir à la chute de l’URSS et qui l’a gardé jusqu’à sa mort en 2002. Il a laissé sa place à son ex-dentiste. Le pays est connu pour son patrimoine historique, ses déserts, sa capitale de marbre blanc et son gouvernement à peine moins autoritaire que celui de la Corée du Nord.
Pour nous c’était le passage obligé pour l’Ouzbekistan. Avec notre visa de transit, nous n’avions que quatre jours pour en avoir un aperçu.
Autre pays, autres mœurs
La première chose que l’on ressent quand on franchit la frontière après avoir passé un mois en Iran, c’est, bizarrement, un sentiment de joyeuse liberté. Adieu le voile obligatoire pour les femmes ! Bonjour shorts, manches courtes, musique, bière et vodka ! Durant nos premières heures dans le pays, les jeunes filles turkmens nous paraissent si belles, fines et élégantes dans leurs robes colorées et moulantes. Nous les regardons avec curiosité tellement nous avions oublié à quoi pouvait ressembler une femme qui n’est pas cachée sous un grand drap noir. Romain est également surpris quand, dans le premier restaurant où nous déjeunons, la serveuse lui propose une bière. Les jours que nous avons passé en Iran nous avaient, semble-t-il, un peu lavé le cerveau…
Nous sommes aussi étonnés par l’indifférence des Turkmens à notre égard. Après avoir été des stars pendant un mois, constamment salués par les iraniens par de chaleureux » Welcome to Iran « , cet anonymat nous paraît étrange.
Le pays de monsieur propre
La capitale, Ashgabat, ville chérie du précédent dictateur, est construit avec un luxe tapageur de nouveau riche. Il faut dire que le pays n’est pas pauvre, l’argent y coule même à flots grâce aux gisements de gaz naturel. Cela a permis à Niyazov de bâtir la ville de ses rêves : de grandes avenues bordées d’immeubles de marbre blanc, égayées de statues en or à son effigie, sans chiens, sans klaxons, sans cigarettes, sans pauvres.
Nous avons eu beaucoup de mal à nous y orienter. D’abord parce que les bâtiments à la gloire de Niyazov sont en train d’être remplacés par d’autre par le nouveau dirigeant. Ensuite parce que chaque mois, des quartiers entiers sortent de terre. Notre version du Lonely Planet datant de 2007, il nous a plus induit en erreur qu’aidé. Nous avons notamment cherché en vain des chameaux dans le Tolkuchka bazar, cité dans ce livre comme un des bazars les plus authentiques et vivants d’Asie Centrale. Depuis 2007 le bazar avait été déplacé dans des hangars au milieu du désert et les chameaux ont disparus.
Si l’ancien dictateur aimait les statues, le nouveau préfère être présenté en costume traditionnel sur de grandes photos, montant un cheval. Son portrait se retrouve partout, et il arbore un sourire narquois qui semble vouloir dire » je vous ai bien niqué « .
Hôtels ou goulags ?
Nous faisons aussi connaissance avec le système hôtelier ex-soviétique, aux chambres moisies. Les lits à ressort nous endolorissent le dos et nous font penser à des planches à clous de fakir. Les salles de bains sont de vastes blagues. Parfois il n’y a pas de lavabo, ou même pas d’eau dans la journée. Quand il y en a c’est parfois un jet maronnasse qui sort de la douche par a-coups. Les prix des nuitées font aussi grincer les dents. Vous devez payer 50 dollars pour une chambre digne d’un hôtel de passe miteux. Et toujours, on vous demandera après la visite de la chambre » No problem ? » d’une façon de dire » de toute façon il n’y a pas mieux, alors ne faites pas les difficiles « .
Voyage voyage, plus loin que la nuit et le jour
Il y a beaucoup d’autres choses amusantes au Turkmenistan : les douaniers qui vous demandent avec insistance si vous avez des « guns », ce taxi qui nous avait mis la chanson de Desireless « Voyage, voyage » à fond dans sa voiture, les petits vieux dans les campagnes qui vous proposent de la vodka avec un clin d’oeil complice, les unes des journaux qui ont toutes une photo du président, les monuments à la gloire du Runhama (livre « saint » écrit par Niyazov), les voitures qui, quand elles tournent, font des bruits dignes des courses poursuites dans Starsky et Hutch, etc.
Nous n’avons pas eu le temps ou la chance de discuter avec les locaux, nous aurions vraiment aimé connaître leur vision de leur pays. Mais la plupart des voyageurs que nous avons croisé par le suite considèrent que quatre jours au Turkmenistan c’est déjà beaucoup trop. C’est donc sans trop de regrets que nous avons quitté ce pays étrange et oublié au centre de l’Asie.
- nous jouions du ukulélé à une douane
Carine
C’est vrai que ça fait moyen rêver, quoique les habitants ont l’air sympas ! Je reste presque sur ma faim de ne pas avoir la suite de vos aventures en pays Turkmène !
Bon séjour chez les Ouzbeks à vous 2.
babak
To be continued…
Yazd et les attrapeurs de vent - The Plan
[…] Notre prochaine et dernière destination en Iran sera la ville sainte de Mashaad, près de la frontière avec le Turkménistan. […]
Téhéran, capitale d'un pays mal aimé - The Plan
[…] communicative. Une tournée autour du monde est en cours, ne ratez pas leurs prochains concerts au Turkmenistan et en […]
Le Grand Départ - The Plan
[…] avons quand même les grandes lignes. Voila le plan : Malte – Turquie – Iran – Turkmenistan – Ouzbekistan – Kirghizistan – Chine – Mongolie – Chine – Laos […]